La prise en charge ostéopathique des troubles dits psychosomatiques
Revue de la littérature
Les troubles psychosomatiques touchent une part importante de la population et restent à l’heure actuelle bien trop méconnus. « C'est psychosomatique ! » cette phrase trop souvent prononcée est régulièrement utilisée par des thérapeutes essayant de justifier la méconnaissance du trouble du patient. Ces mots sont très réducteurs et souvent déstabilisants pour une personne qui ignore de quoi elle souffre. Nombreux sont ceux qui pensent que le patient ira déjà mieux si ses problèmes (leurs origines, leurs mécanismes, leurs physiologies) lui sont expliqués. Ainsi, dans la société actuelle, il est difficile de concevoir que dire à un patient que le problème réside uniquement dans sa tête puisse l’aider.
L’objectif de cette étude a été d’expliquer les mécanismes physiologiques du trouble psychosomatique et de mettre en évidence la nécessité d’une prise en charge ostéopathique et pluridisciplinaire face à ces troubles.
Une revue de la littérature systématique des articles indexés sur les bases de données en ligne parus entre 2003 et 2013 a été conduite.
Les 10 articles retenus ont permis de mettre en évidence des liens entre le système limbique, centre des émotions, et le reste du corps par l’intermédiaire des systèmes neuro-endocriniens, cardiaques, immunitaires...
Dans sa prise en charge globale, l’ostéopathe se doit de décrypter le patient. Dans la mesure où 70% du langage est non verbal, l’observation avec l’analyse de la posture, l’étude des morphotypes prend déjà tout son sens pour la compréhension du patient.
En ostéopathie, la manière dont se construit la consultation a un effet positif sur le patient. Le principal argument est la durée, en effet, une étude de Carey montre que les consultations ostéopathiques seraient en moyenne plus longue que les consultations de médecine générale. Ceci favorise le lien patient-praticien et offre une atmosphère moins stressante et plus calme que les consultations de médecine générale. L’ostéopathe aura donc la possibilité d’investiguer l’état du patient y compris l’aspect psychologique via l’écoute et la compréhension du vécu du patient et de sa maladie. Le récit du patient quant à son trouble va réactiver les réactions corporelles mises en causes facilitant ainsi la palpation tissulaire et la mise en évidence de dysfonctions.
Outre le temps de consultation, le contact physique plus présent en ostéopathie favorise ce lien de confiance. Selon Varlet, « les émotions sont des informations accessibles au toucher ostéopathique ». C’est d’ailleurs pour cette raison que la notion de placebo est difficilement applicable dans la recherche ostéopathique. Le touché va donner les informations manquantes, celles refoulées.
Le touché, la mise en évidence de zones douloureuses va permettre de réactiver certaines zones du corps et ainsi permettre au patient de reprendre conscience de son corps.
Le rôle premier de l’ostéopathe est de connaître l’état global du patient. Il doit savoir réorienter si nécessaire. Parfois et il semblerait que ce soit le cas pour les troubles psychosomatiques, un traitement ostéopathique couplé à une prise en charge psychologique ou autre semble nécessaire puisqu’il est indispensable de traiter le corps et l’esprit.
La pratique ostéopathique a aussi pour principal but de favoriser la capacité d’autorégulation du corps. La correction tissulaire effectuée va agir via le tissu conjonctif et informera les capteurs du système somato sensoriel aux niveaux articulaire, musculaire, crânien et viscéral. Le traitement structurel ostéopathique génère une perturbation des structures venant d’être manipuler mais aussi du sous réseau susceptible de rééquilibrer tout le réseau. Ainsi, l’ostéopathe se doit de connaître les conséquences des effets d’un traitement en envisageant quel sous réseau va être modifié, comment cela va se rependre aux autres réseauxet ainsi pouvoir faciliter au mieux le retour à l’homéostasie. Pour ce faire, il est nécessaire de prendre en compte l’état général du patient, sa vitalité, en fonction l’ostéopathe n’utilisera pas les mêmes techniques. Dans le cas de fatigue générale, il sera important d’augmenter les réserves énergétiques et donc travailler sur le système parasympathique. Ceci va permettre de recréer le lien entre corps et esprit. Le praticien dispose d’un panel de techniques ostéopathiques : techniques viscérales, myo-fasciales, crâniennes et vertébrales.
La manipulation vertébrale aurait un bénéfice psychologique dû à la réduction de l’intensité des symptômes.
Ainsi, une réduction de la symptomatologie du patient rassurerait le patient et aurait donc un impact sur la sphère émotionnelle.
L’ostéopathie peut permettre d’apporter une réponse puisque chaque dysfonction entre dans un schéma dysfonctionnel, ainsi expliquer ce schéma au patient l’aide à visualiser et à comprendre ses symptômes et cela pourrait diminuer sa symptomatologie.
L’ostéopathe peut agir sur différents éléments du corps une fois le schéma du patient compris. Dans la mesure où le complexe hypothalamo-hypophysaire est le principal touché, il est donc indispensable que l’ostéopathe travaille sur cet axe directement via des techniques crâniennes mais aussi sur ses répercussions comme sur l’équilibration du système nerveux entre le sympathique et parasympathique.
L’approche globale de l’ostéopathe se doit d’investiguer la circulation sanguine qui est un point clef de cette profession. Il est également nécessaire d’étudier les différentes sphères susceptibles d’être perturbé en fonction du trouble psychosomatique.
Dans la mesure où l’homéostasie est perturbée dans les troubles psychosomatiques, il semblerait que l’ostéopathie ait sa place dans la prise en charge de ces troubles.
Afin de compléter ce mémoire, d’autres études sont nécessaires notamment sur les implications du système digestif et respiratoire dans ces troubles. Des études cliniques permettraient de démontrer et ainsi de faire avancer la place de l’ostéopathie dans la prise en charge des troubles dits psychosomatiques.
Marie Messager
Ostéopathe D.O. à Versailles